Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui.
Le care est d'abord le souci des autres, l'attention à la vie humaine et à ce qui fait sa continuité ordinaire. L'éthique du care appelle ainsi notre attention sur ce qui est juste sous nos yeux mais que nous ne voyons pas, par manque d’attention. C'est pour cela que l'éthique du care peut aussi se définir, si l'on veut traduire le terme, comme éthique de l'attention, au sens à la fois de faire attention et d'attirer l'attention sur une réalité ordinaire : le fait que des gens s'occupent d'autres, s'en soucient et ainsi veillent au fonctionnement ordinaire du monde.
Que de loisirs il gagne celui qui ne regarde pas à ce qu'a dit le voisin, à ce qu'il a fait, à ce qu'il a pensé ; mais à ce qu'il fait lui-même, afin que son acte soit juste, saint et absolument bon.
Par l'art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers.
Que celui donc qui veut être libre n'ait ni attrait ni répulsion pour rien de ce qui dépend des autres.
Plus d'un vivrait si heureux, pourvu qu'il s'inquiétât aussi peu des affaires d'autrui que des siennes propres !
A force d'aimer la vie malgré elle, on finit de temps en temps par aimer les autres sans raison.
C'est une grande folie de défier sans besoin l'intelligence d'autrui.
Les despotes eux-mêmes ne nient pas que la liberté ne soit excellente ; seulement ils ne la veulent que pour eux-mêmes, et ils soutiennent que tous les autres en sont tout à fait indignes.
Un homme se décrit toujours inconsciemment lui-même quand il décrit quelqu'un d'autre.
Celui qui se sera étudié lui-même sera bien avancé dans la connaissance des autres.
Le malheur d'autrui nous donne une idée plus vive de notre bonheur, et son bonheur une plus vive idée de notre malheur.
On se persuade mieux, pour l’ordinaire, par les raisons qu’on a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans l’esprit des autres.
Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres.
Je veux comprendre les autres en me comprenant moi-même.
Ne te lasse pas d’être utile à toi-même, en étant utile aux autres.
Dire à l'autre « ce que tu fais est mal », c'est en dire moins sur l'autre que sur vous-même.
Le profit de l'un est le dommage de l'autre.
La nature et la vie humaine sont aussi variées que nos divers tempéraments. Qui dira l’aspect sous lequel se présente la vie à autrui ? Pourrait-il se produire miracle plus grand que pour nous de regarder un instant par les yeux les uns des autres ?
En rabaissant autrui on s'abaisse soi-même.
La première règle avant d'agir consiste à se mettre à la place de l'autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là.
Le secret du bonheur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne.
L'individu ne reçoit une dimension humaine que par la reconnaissance d'autrui.
L'esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu'à en faire trouver aux autres : celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l'est de vous parfaitement.
Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celle des autres.
L'usage le plus digne qu'on puisse faire de son bonheur, c'est de s'en servir à l'avantage des autres.
Le bonheur, c'est être heureux ; ce n'est pas de faire croire aux autres qu'on l'est.
Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux.
Le jardinier peut décider de ce qui convient aux carottes, mais nul ne peut choisir le bien des autres à leur place.
Il se faut prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même.