La passion a son siège dans l'ego.
Les passions sont les humeurs élémentaires de l'esprit : dès que ces humeurs excèdent, l'esprit devient malade.
Le silence et la réflexion épuisent les passions, comme le travail et le jeûne consomment les humeurs.
L'homme est ainsi bâti : quand un sujet l'enflamme, L'impossibilité disparaît à son âme.
Le plus grand mal des passions, c'est qu'elles nous empêchent de bien raisonner, et par conséquent de bien juger, parce que le bon jugement est l'effet du bon raisonnement.
Aurions-nous cultivé les arts sans les passions? et la réflexion toute seule nous aurait-elle fait connaître nos ressources, nos besoins et notre industrie?
La passion trop souvent ferme les yeux aux hommes.
Nous devons peut-être aux passions les plus grands avantages de l'esprit.
L’indifférence où nous sommes pour la vérité dans la morale vient de ce que nous sommes décidés à suivre nos passions, quoi qu’il en puisse être ; et c’est ce qui fait que nous n’hésitons pas lorsqu’il faut agir, malgré l’incertitude de nos opinions. Peu importe, disent les hommes, de savoir où est la vérité, sachant où est le plaisir.
Toute passion est fille d'occasion.
On fait souvent vanité des passions même les plus criminelles ; mais l’envie est une passion timide et honteuse que l’on n’ose jamais avouer.
Quelque soin que l’on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d’honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles.
Les passions en engendrent souvent qui leur sont contraires. L’avarice produit quelquefois la prodigalité, et la prodigalité l’avarice ; on est souvent ferme par faiblesse, et audacieux par timidité.
Les passions ont une injustice et un propre intérêt qui fait qu’il est dangereux de les suivre, et qu’on s’en doit défier lors même qu’elles paraissent les plus raisonnables.
Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours. Elles sont comme un art de la nature dont les règles sont infaillibles ; et l’homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n’en a point.
Ces grandes et éclatantes actions qui éblouissent les yeux sont représentées par les politiques comme les effets des grands desseins, au lieu que ce sont d’ordinaire les effets de l’humeur et des passions. Ainsi la guerre d’Auguste et d’Antoine, qu’on rapporte à l’ambition qu’ils avaient de se rendre maîtres du monde, n’était peut-être qu’un effet de jalousie.
La passion fait souvent un fou du plus habile homme, et rend souvent les plus sots habiles.
La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie.
Il n'est passion contagieuse comme celle de la peur.
Les passions dont nous prétendons tous avoir honte sont le principal soutien d'une société.